Résumé : Il y a avec la danse une intrigue meurtrière. Avec elle, la fin l’emporte toujours.Clémentine travaille dans une usine de parfum. Elle attend un enfant. Au volant de sa voiture en direction de la maternité, elle percute quelqu’un sans pouvoir s’arrêter. De retour à la maison seule avec son bébé, elle apprend la mort à Paris, deux jours plus tôt, de la chorégraphe Pina Bausch. Clémentine se souvient : une silhouette maigre, de longs cheveux gris ? c’est Pina qu’elle a fauchée. Elle a tué un génie en mettant au monde son enfant. La maternité, la danse, la vie, la mort se côtoient dans le nouveau roman de Julien Dufresne-Lamy, qui trouble et bouscule par son intelligence et son originalité.
Mon avis : Je remercie Gilles Paris (et sa gentille stagiaire) pour cette proposition de partenariat. Je prends aussi quelques secondes, mots et lignes pour remercier les éditions Belfond pour ce roman qu’est Deux cigarettes dans le noir de Julien Dufresne Lamy.
J’ai trouvé que la couverture était magnifique. Je l’ai trouvé très poétique et belle. Elle dégage beaucoup d’émotions. C’est très beau.
C’est un très bon roman qui m’a fait passer un bon moment. C’est aussi une lecture très différente de ce que j’ai l’habitude de lire : c’est plus sérieux, noir et mystérieux.
On rencontre Clémentine, une jeune femme qui est complètement à la dérive. On la rencontre à un moment de sa vie qui va tout faire changer dans le bon comme dans le mauvais sens :
- Elle prend la voiture paniquée : elle est en train d’accoucher. C’est le moment pour elle de devenir mère.
- En se rendant à l’hôpital, Clémentine renverse une piétonne : Pina Bausch, une célèbre danseuse.
On assiste ici à une chose incroyable. Clémentine va se focaliser sur Pina, sur qui elle était, sur ce qu’elle faisait, sur son art, c’est merveilleux mais aussi très angoissant. Elle se focalise sur Pina en oubliant de vivre, en oubliant quelques fois son enfant.
On suit le cheminement psychologique et toutes les questions que Clémentine se pose sur sa vie, sur son enfant, sur son travail et surtout sur ce qu’elle a fait. Comment a-t-elle pu renverser quelqu’un ? Comment a-t-elle pu ôter une vie et donner naissance à une autre juste après ?
Ce roman est une sorte de Journal intime pour Clémentine. Elle nous parle de ses relations intimes, de Bruno, le père de Barnabé qui a fui. Sa sensation d’être une mauvaise mère. Ses recherches sur Pina et sur l’enquête policière. On y lit des choses étranges, qui dérangent et déstabilisantes. Elle nous parle de ses choix pour Barnabé.
La mère de Clémentine marque le personnage stricte, standard. Elle représente ce que doit faire une mère. Les relations entre la mère et la fille sont assez tendues.
Clémentine se perd. Sa fascination pour Pina est lourde : elle prend beaucoup (trop ?) de place. Ca devient maladif. C’est son seul moyen de s’aider à accepter ce qu’elle a fait. Comme si elle voulait refaire vivre Pina à travers cette fascination malsaine. Le plus gros point de l’intrigue est là, c’est malsain mais tellement bon et fort !
C’est un roman psychologique envoutant. On vit vraiment ce morceau de vit avec Clémentine et Barnabé. C’est sans fioriture. L’auteur va droit au but. C’est simple, concis. La psychologie de ce personnage est vraiment fascinant.
L’auteur parvient à nous faire entrer dans un univers sombre où Pina semble être la seule source de lumière pour Clémentine. On y lit une sorte de descente aux enfers de laquelle Clémentine n’arrive pas à remonter. C’est effrayant mais aussi très happant comme histoire. La plume de l’auteur est belle et apporte beaucoup à l’ambiance générale du roman.
Ma note : 16/20