Le suicidé de la Ricamarie – Marc Wluczka

suicide-ricamarie-marc-wluczka.jpgRésumé :

— Pour parler franchement, le suicide me paraît peu probable.
— Et pourquoi ?
— D’abord les gens qui font ça au gaz prennent en général des médicaments avant, genre somnifère. On n’en a pas retrouvé. Par contre, j’ai une ordonnance de son toubib avec une prescription d’Aldomet.
— C’est un médicament pour la tension n’est-ce pas ?
— Oui, monsieur. Pangaud est allé chez le médecin le jour même de sa mort. J’ai trouvé la boîte intacte, achetée sans doute quelques heures avant. Donc il n’a pas pris de médicament avant-hier soir. Par ailleurs, à l’hôpital on m’a signalé une grosse bosse à l’occiput.

En 1947, au fond du puits Pigeot, près de La Ricamarie, une explosion fait un mort et plusieurs blessés. En 1982, un étrange suicide au gaz est découvert dans un immeuble de La Ricamarie. Rien, a priori, ne relie les deux événements, somme toute banals. Mais c’est sans compter l’intuition de Walkowiak, ou Walko, comme il se fait appeler depuis son enfance en raison de la difficulté qu’ont les autres à prononcer son nom. Simple flic à Saint-Étienne, Walko suit une piste qui risque bien de l’expédier très loin, vers ce que l’Homme a de plus noir.

Mon avis : Voilà un roman qui était dans ma liseuse depuis pas mal de mois. Je n’ai jamais vraiment eu l’opportunité de le lire, mais voilà qui est chose faite maintenant. Je remercie donc les éditions Inspire pour l’envoi de ce roman en service presse.

J’avais découvert les éditions Inspire grâce au roman court d’Eva Dézulier : Porté disparu dont je garde un très bon souvenir !

Un roman policier particulier.

Ici, c’est un roman bien différent dans lequel je me suis lancée : un roman policier qui mêle l’historique à la place de l’Homme dans la société. Je n’avais pas lu de roman de ce genre depuis longtemps. Cela m’a beaucoup fait penser aux romans que l’on pouvait trouver dans les années 1980. J’ai trouvé cela très intéressant. Je me suis revue, quelques années en arrière, à dévorer les romans que mon grand-père m’avait laissé avant de partir. Roman noir, sur fond d’une trame policière qui va pousser le policier Walko à la limite du supportable.

Une intrigue entre deux périodes.

Voilà deux périodes auxquelles je ne me suis pas franchement intéressée. L’après-guerre (bon, cette période ci m’est un peu plus familière). On est à la toute fin de la guerre, deux ans après, la France est encore grandement meurtrie par ces combats. On touche aussi à la période du début des années 1980. Pour vous situer la Ricamarie, on peut dire que c’est dans la région Auvergne-Rhône Alpes.

On se retrouve plus précisément à Saint Etienne (ville que je connais de nom, sans y avoir mis les pieds.). J’ai apprécié cette histoire tant elle remue des passages historiques assez forts.

Tout démarre d’un suicide au gaz. Une enquête policière va faire remonter des choses, des souvenirs, des indices. Cette enquête va mettre le policier Walkowiak sur la piste d’une histoire qui s’est passée en 1947.

Des décors précis et réalistes.

Rapidement, dans la région dans les années 1980, on comprend rapidement qu’il va falloir trouver d’autres activités : tout s’essouffle, il y a des choses qui meurent, en laissant des gens vivoter. C’est assez saisissant. Les activités industrielles qui faisaient vivre la population ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Terminé l’exploitation du charbon, du textile et bien d’autres. La ville vivote et on le comprend bien. Ce décor m’a beaucoup plu, on est dans un policier assez sombre mais à l’image de ce que l’on va découvrir.

L’enquête policière.

J’ai trouvé le personnage de Walkowiak assez prenant. J’ai apprécié son caractère, son attitude et sa finesse dans le jugement. C’est très bien ! Il me rappelle vraiment les inspecteurs des années 1980. C’est dépaysant.

L’enquête va rapidement être reliée à des événements qui se sont déroulés plus de 30 ans avant cette enquête. Même si au départ, j’ai eu du mal à me mettre dans l’histoire, j’avoue qu’une fois passée ses longueurs « historiques », je me suis laissée bercée par les événements.

En 1947, le paysage change : on tombe dans l’univers du communisme polonais et des répercutions qu’il peut y avoir en France. La France vit encore de l’extraction du charbon et c’est dans cet univers que l’on progresse dans cette partie de l’intrigue. On sent vraiment que c’est la fin d’une période. Le contexte est assez sombre et percutant. On sent la tristesse et la faiblesse de la population.

La plume de l’auteur.

J’ai trouvé que Marc Wluczka savait de quoi il parlait ! Il y a une documentation assez forte et un sacré travail en amont à souligner ! On sent vraiment que la plume est de qualité. C’est indéniable.

J’ai trouvé que certaines notions étaient bien présentes dans ce texte et permettaient de faire le lien entre ces deux périodes. On a bien évidemment l’immigration.  En plus de cette immigration, on peut dire qu’elle est surtout polonaise. En effet, en plus des événements de 1947 où des immigrés polonais sont présents, on a aussi Walkowiak qui est un enfant d’immigrés polonais.

Les – :

  • Quelques longueurs dues aux thèmes du roman.

Les + :

  • Une trame historique précise et nourrie d’une documentation incroyable.
  • Le personnage de Walko que j’ai apprécié découvrir.
  • Le thème de l’immigration.
  • La période d’après-guerre qui montre que même si les combats sont terminés, la France souffre encore.
  • La plume de l’auteure.

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12 réflexions sur “Le suicidé de la Ricamarie – Marc Wluczka

  1. Merci Satine de cette critique qui me fait rougir… Sachez que la suite (en fait deux suites) sont écrites et que j’ai publié un autre roman, dans un genre très différent « Max et le Pigeon », aux Editions Maïa. Merci encore.

  2. Une chronique surprenante et j’avoue que cette histoire m’intrigue. Sans compter que je me sens concernée en tant que petite-filles d’immigrés polonais. Je pourrais bien me laisser tenter !

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