En fait, c’est le rêve du chien de Joseph Kochmann

CVT_En-Fait-Cest-le-Reve-du-Chien_8532.jpgRésumé : Lectrices, lecteurs. La quatrième de couverture que vous avez sous les yeux n’est pas comme les autres. Bien sûr, je pourrais vous exposer les prémices de notre récit ; l’étrange enquête de l’inspectrice Chloé Barkouaf, teckel bipède aigri, et de son assistante Polygon Sobarf, chihuahua tremblant, sur le meurtre du pauvre John MacGuffin, chat et alcoolique de son espèce. Je pourrais brièvement m’exprimer sur leurs péripéties au cœur d’Inspiterre, monde aussi merveilleux que fou, de leur traversée au cœur du sombre Royaume Traisuspé, de l’étrange Mont Croquant, de l’inaccessible Jungle Élitiste… Je m’abstiendrai cependant car, voyez-vous, ce roman cache un terrible secret. Un rebondissement qui pourrait, à jamais, changer la face du monde…

~ Service presse ~

Mon avis : Je remercie chaleureusement Joseph Kochmann pour l’envoi de son roman en service presse via SimPlement. M’ayant fait une fois la demande de lecture, je n’avais pas eu l’occasion d’y accéder par manque de temps. Dès qu’un petit créneau s’est libéré, j’ai foncé. J’ai évité le mur de peu et la collision qui va avec. Ce fut une lecture surprenante pour moi. Fan d’absurde, vous serez servi !

~ Une lecture à deux niveaux  ~

J’avoue que j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire et j’en suis la première désolée. J’avoue qu’il y a de bonnes idées, de très bonnes idées même.

En fait c’est le rêve du chien nous relate une enquête policière menée par deux chiennes : Chloé Barkouaf et le chihuahua Polyglon. C’est très absurde. Ionesco et Beckett n’ont qu’à bien se tenir. Je vous avoue que moi et l’absurde, on n’est pas très copain. J’ai toujours eu du mal avec les intrigues sans queue ni tête qui nous amène dans tous les endroits possibles sans nous mener nulle part. J’ai eu beaucoup de mal à lire cette enquête. J’ai pris mon temps. J’ai suivi l’avis de mon amie Kathleen qui m’a dit « arrête d’essayer de comprendre ». Facile à dire, difficile à faire pour moi. Cependant, j’ai pris du recul et suite à cela, j’ai un peu plus apprécié cette couche de lecture.

La seconde couche de lecture a été plus intéressante pour moi : une bonne critique du monde éditorial et une sacrée satire de notre monde. Le monde éditorial en prend pour son grade. Une subtilité certaine anime les mots de l’auteur. C’est excellent. Ainsi, on a des termes éditoriaux qui bercent le roman, des situations, des débats qui animent le monde éditorial aussi. Des personnages qui incarnent le monde de l’édition.

C’est une seconde couche de lecture assez intéressante qui est soulevée ici. J’ai apprécié le fait que l’auteur inclus des notions de notre monde. Ainsi, on peut se retrouver avec des débats comme la fantasy et sa place dans l’édition. Vaste sujet.

[…]         — De la fantasy de bas étage… commenta la bête noire.

                — Quel genre vulgaire ! cria un Hère. Sans intérêt !

                — … une aventure sans queue ni tête, des situations semblant sorties d’un cartoon ou d’une bande dessinée…

                — Un mélange des genres ? L’interrompit un second cochon. Quelle horreur ! […]

~ Humour : décalage immédiat ! ~

Ce roman ne manque pas d’humour. C’est décalé et imprévisible. On ne sait pas où l’on va. Lorsque l’on essaye de se rattraper aux branches, à un petit bout d’intrigue, on se casse la figure et l’on atterrit dans un endroit complètement fou.

[…] Le sol, sous leurs pattes fatiguées, devint plus boueux tandis qu’elles s’approchaient d’un bayou vert-noir dans lequel elles aperçurent de longs crocodiles aux lunettes rondes dévorant des pages de romans oubliés.

— Nul, criaient-ils en les avalant. 0/20. Un massacre […]

Les personnages sont au service de l’humour et de l’absurde. Ainsi, on se retrouve avec que des animaux en guise de personnages. A coup d’anthropomorphisme et de personnification, le monde animalier se retrouve être une satire de notre monde. C’est plutôt bien réussi à vrai dire.

Les crocodiles érudits sont des libraires obscurantistes par exemple. Ainsi, ils portent les lunettes rondes, stéréotype de la personne érudite.

Il y a aussi beaucoup de jeux de mots : « Barkouaf » par exemple. « To bark » en anglais signifie « aboyer » et « ouaf » est l’onomatopée employé en France pour faire référence à l’aboiement du chien. Il est inutile de vous citer tous les jeux de mots du roman, franchement, la chronique ferait, au moins 4 pages. Mais on peut aussi trouver les trois hamsters « Ham, Ster et Dame ». On a une petite couche d’humour facile en fait qui vient un peu détendre l’atmosphère de cette enquête policière sans queue ni tête.

Je trouve que l’on a aussi une jolie métaphore filée. En effet, en plus des personnifications et de la satire saisissante de la société, je trouve que « avoir une vie de chien » est le symbole qui nous suit tout au long de la lecture. La vie n’est pas forcément facile, les twists dans les histoires sont souvent en lien avec le fait que la vie peut aussi être vache parfois. Les coups durs font aussi partie de la vie et j’ai trouvé que l’absurde soulignait bien cette idée. Comme le Twist (personnage du roman), la vie fait ce qu’elle veut : un petit chapitre de bonheur pour trois gros chapitres de malheur… On ne sait pas forcément ce que la vie nous réserve, c’est assez surprenant de voir la manière dont l’auteur traite de cette notion dans ce roman.

~ Une touche de personnel dans le roman ~

Etant donné que j’ai l’auteur en ami sur les réseaux sociaux, je me suis rendue compte qu’il avait mis un peu de lui dans le texte. Le syndrome de SADAM dans un premier temps (je vous ai mis le lien pour que vous en sachiez plus). Mais aussi la mention des trois singes dans le texte qui m’a tout de suite fait penser aux trois singes de la sagesse et donc, par analogie, à sa trilogie Blind, Mute et Deaf. De plus, « Barkouaf » me renvoie aussi le fait que Joseph a son cœur entre l’Amérique et la France. Subtile manière de le souligner. Je suis certaine qu’il y en a d’autres bien cachées mais ces petites touches m’ont bien plu. L’auteur s’approprie son roman d’une manière différente et c’est chouette.

~ Le mot de la fin ~

Vous l’aurez compris, cette lecture n’est pas un franc succès pour moi à cause de la dimension trop absurde de l’enquête pour moi. Cependant, il reste quand même de jolis points qui sont exploités dans l’histoire. La critique du monde éditorial m’a énormément plu ainsi que les personnages et les techniques littéraires employées par l’auteur.

En revanche, j’ai trouvé que l’absurde soulignait bien le terme de « rêve ». Combien de fois en se levant on a pu se dire : « J’ai fait un rêve trooop bizarre » et qu’on a vu notre mère avec une tête de dragon et notre père avec des pattes de canard? J’ai trouvé l’absurdité parfaite pour retranscrire cette notion de rêve présente dans le titre. Bien joué!

3 raisons de lire le roman

  • Une plume intense qui nous emmène dans un univers délirant.
  • Une lecture qui a plusieurs couches de signification.
  • Les touches personnelles mises par l’auteur.

3

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16 réflexions sur “En fait, c’est le rêve du chien de Joseph Kochmann

  1. Je ne suis pas sure que ce livre soit fait pour moi mais je ne peux m’empêcher de noter que le duo d’enquêteurs est composé… d’enquêtrices ! Et à une époque où la majorité des duos sont mixtes et des trios sont sous la forme 2hommes/1femme, je trouve ça super 🙂

    • Jamais tenté Malzieu lol mais bon à voir du coup

      En revanche je te conseille quand même de jeter un oeil à la trilogie qui va bientôt être rééditée dans une ME 🙂

  2. Il est vrai que niveau absurde, c’est plutôt pas mal lol Mais, maintenant que ton avis expose vraiment la construction de ce roman, je peux me faire une idée plus précise et je pense que pour le bon moment, il sera idéal !

  3. Tu t’en sors très bien pour parler de ce livre très original! L’humour, l’absurde, l’enquête, les critiques etc… Le livre est très dense et riche, il faut s’accrocher par moments 😉
    Belle utilisation des 3 raisons de lire aussi ♥
    On retrouve un peu de chacun auteur dans ses livres, ici plus que d’habitude et on peut s’en rendre compte car nous le connaissons 🙂

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