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Jolis, jolis monstres de Julien Dufresne- Lamy

41plCzDufOL._SX195_.jpgRésumé : Certains disent qu’on est des monstres, des fous à électrocuter. Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à tête de femme. Les plus jolis monstres du monde. Au début des années sida, James est l’une des plus belles drag-queens de New York. La légende des bals, la reine des cabarets, l’amie fidèle des clubs kids et des stars underground. Quand trente ans plus tard il devient le mentor de Victor, un jeune père de famille à l’humour corrosif, James comprend que le monde et les mentalités ont changé. Sur trois décennies, Jolis jolis monstres aborde avec finesse et fantaisie la culture drag, le voguing et la scène ballroom dans un grand théâtre du genre et de l’identité. Au cœur d’une Amérique toujours plus fermée et idéologique, ce roman tendre mais bruyant est une ode à la beauté, à la fête et à la différence. Une prise de parole essentielle. 

~ Service presse ~

Mon avis : Je remercie l’auteur et les éditions Belfond pour l’envoi de ce roman (dédicacé, s’il vous plait) en service presse. C’est toujours un plaisir de recevoir les romans de Julien Dufresne Lamy.

~ La culture drag-queen ~

Je pense que commencer par un petit point culture pourrait être sympathique. Histoire que l’on démarre tous sur la même longueur d’onde. Wikipédia nous propose un article complet. Si jamais vous êtes intéressés, n’hésitez pas à cliquer par ici. « Une drag queen est une personne – homme ou femme, bien que les hommes restent majoritaires et plus connus- construisant une identité féminine volontairement basée sur des archétypes de façon temporaire, le temps d’un jeu de rôle […] Comme tout travestissement, le fait de s’habiller en drag queen n’est une indication ni sur l’orientation sexuelle de la personne concernée, ni sur sa véritable identité de genre ; une drag queen n’est pas forcément une personne transsexuelle. »

~ Un roman sur la différence et l’acceptation ~

De jolis messages sont portés dans ce roman. On fait la rencontre de beaucoup de personnages mais surtout de James Gilmore, dit Lady Prudence. James est un personnage que j’ai énormément apprécié tant il est porteur de messages que j’adore.

Rapidement, on se rend compte que Lady Prudence fait partie de lui. Ce n’est pas qu’un artifice le temps d’un karaoké. Elle fait partie de lui. Lady Prudence est un personnage qui l’incarne mais qui le représente. Tout au long du roman, James nous raconte sa vie, trente années chargées de souvenirs bons comme mauvais, ses espoirs, ses désillusions. A travers les yeux de James, on se retrouve à avoir un œil neuf sur la culture drag-queen.

James nous montre, dès le départ que les drag-queens sont un sujet tabou. C’est quelque chose dont on ne parle pas, qu’on cache et finalement, ce roman nous prouve à quel point la société est loin du compte. Ce roman est tellement fort et intéressant, c’est un livre qu’il faut lire. Récemment paru, il est d’un des ouvrages contemporains qu’il faut avoir dans ses étagères.

« Nous sommes un secret enfermé dans une boîte qu’il ne faut surtout pas ouvrir ». 

~ La société et la différence ~

Aïe… Gros sujet qui pique. Encore de nos jours, je ne comprends pas que l’on ne puisse pas accepter les couleurs de peau différentes, les orientations sexuelles, les transformations permanentes ou non. C’est toujours difficile pour moi d’en parler sans avoir envie de secouer les gens.

James nous ramène à la réalité de la vie rapidement. On se prend des claques, on se fait bousculer.

On est dans une intrigue où l’on peut rencontrer des noms qui ne nous sont pas inconnus comme Madonna. Ils ne font que passer dans l’intrigue mais cela a le mérite d’ancrer dans notre esprit la réalité de ce qui se passe ici.

On a une communauté qui se dessine au fil des pages et des lignes. On se sent embarqué dans ce tulle, ces faux cils, ce maquillage à outrance. On a envie d’aller sur le podium avec Lady Prudence et de chausser ces talons hauts vertigineux. On veut en savoir plus. C’est ce que le roman nous propose ici. Evidemment, il y a la critique de la société à travers ce roman, mais c’est plus que cela.

On a vraiment une sensation de devoir « faire le tri ». Il y a des drag-queens qui font ça pour travailler, pour s’exprimer. Après tout, cela reste de l’art. L’expression du corps fait ses preuves et rapidement, on se retrouve avec des personnages dont c’est leur métier. Puis, il y a les autres : les extravagants, les exigeantes, les caricatures des drag-queens. Ceux qui fichent tout en l’air et qui décrédibilisent ceux qui ne font pas cela pour les mêmes raisons. Malheureusement, dans notre société, on a plutôt gardé en tête l’image de ces extravagances et de ces caricatures. C’est pour cela que je propose de lire ce roman. Il nous apprend énormément de chose.

~ Les bons et les mauvais côtés ~

L’auteur prend le pari de nous montrer autre chose que les strass, les paillettes, le spectacle. Il y a aussi des moments où les personnages doutent, pleurent et sont tristes. On nous parle du Sida, de la violence, de l’incompréhension. La volonté de vouloir vivre sa vie sans avoir le poids du regard de l’autre sur le dos.

Lady Prudence nous prend littéralement par la main et raconte à Victor, jeune hétérosexuel qui cherche sa voie et son personnage de drag-queens tout ce qu’il a vu durant ses trente années. Les amitiés perdues, les meurtres, la folie du SIDA. Bref, rien ne nous est épargné. Il y a les bons et les mauvais côtés. Le lecteur est pendu à ses lèvres. Les anecdotes proposées durant la lecture vont que les personnages deviennent des êtres à part entière. Les psychologies sont finement détaillées et riches en détails. C’est très intéressant. Lady Prudence prend autant de poids que les célébrités qui foulent les tapis rouges.

~ Plume et syntaxe ~

Plus qu’un roman de « la sortie littéraire », Jolis, jolis monstres est un roman qui pousse le lecteur à s’interroger sur sa manière d’appréhender des thématiques dans la vie et de se questionner sur la manière de se faire de faux jugements sur cette dite thématique. Sans la juger, je me rends compte que mes connaissances sur la culture drag-queen était bien pauvre et que j’ai bien envie d’en savoir plus.

Roman intense, roman des cœurs, celui-ci puise sa force des psychologies tellement différentes et abondantes qu’il nous propose. Plume au service de l’homme, de l’humain et de l’amour, elle est forte. Je pense que c’est le roman de l’auteur que je préfère le plus tant il m’a ouvert les yeux sur une culture que je connaissais peu.

3 raisons de lire ce roman

  • Une culture méconnue mise en avant.
  • Une plume au service de l’humain
  • Des personnages sublimes

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Les indifférents – Julien Dufresne Lamy

61d6O7EgfrLRésumé : Ils sont les enfants bénis. Les élus. Personne ne les approche. Ils se surnomment les Indifférents. Une bande d’adolescents bourgeois mène une existence paisible sur le bassin d’Arcachon. Justine arrive d’Alsace avec sa mère, recrutée par un notable du coin. Elle rencontre Théo, le plus jeune fils de la famille, et, très vite, intègre son clan. De ces belles années, Justine raconte tout. Les rituels, le gang, l’océan. Cette vie d’insouciance parmi les aulnes et les fêtes clandestines, sous le regard des parents mondains. Mais un matin sur la plage, un drame survient. Les Indifférents sont très certainement coupables. La bande est devenue bestiale. Dans un style haletant et incisif, le nouveau roman de Julien Dufresne-Lamy dessine le portrait d’une jeunesse aussi cruelle que prodigieuse.

Mon avis : Je remercie Julien Dufresne Lamy pour la dédicace dans le roman que j’ai reçu. En effet, j’ai eu la belle surprise de le recevoir suite à une première chronique que j’avais faite d’un excellent roman de l’auteur. Je remercie Claire de la maison d’édition Belfond aussi pour avoir pris contact avec moi. Je suis vraiment heureuse d’avoir de si jolies surprises qui m’attendent dans ma boîte mail et dans ma boite aux lettres. Alors encore un grand merci !

On fait la rencontre de Justine et de sa mère qui quittent leur ville, leurs vies. Sa mère est embauchée par un notable dans le bassin d’Arcachon. Ni une, ni deux, direction le bassin d’Arcachon pour cette fille et sa mère qui ne savent plus où elles en sont.

Tout au long du roman, on suit la vie de Justine, une jeune fille qui ne voulait pas quitter sa vie, ni son père. L’angoisse la prend à la gorge quand elle comprend que sa mère veut faire une croix sur son passé et reprendre sa vie en main.

Justine se lie rapidement d’amitié avec des jeunes qui habitent là depuis longtemps. En effet, elle va rencontrer Théo, Léonard et Daisy, le clan des indifférents. C’est un groupe d’adolescents : ils vont vite devenir un groupe indéfectible. Tout les lie et ils vivent leurs vies avec un grand V à vitesse grand V. On se retrouve propulsé dans un groupe qui rapidement va être un groupe étouffant pour Justine.

Milo arrive dans leurs vies. Il fait tâche, il n’a pas sa place dans le groupe des Indifférents, il n’a rien à faire avec eux. Les trois membres font rapidement comprendre à Milo qu’il n’a rien à faire avec eux.

J’ai beaucoup apprécié découvrir cette histoire. On met le doigt dans un engrenage et on en sort une fois le roman terminé. J’ai apprécié voir Justine évoluer dans cette bande. Ce roman montre les dangers et les ravages de l’adolescence qu’il peut y avoir quand plus rien n’est sous contrôle.

Cette bande d’amis est prête à tout et on vit tout comme il se doit : ainsi, on voit une amitié, des amours, des passions, des folies se dérouler sous nos yeux. C’est vraiment très prenant. Je trouve que c’est un roman très bien ficelé.

La plume de Julien Dufresne Lamy est brillante, intelligente. Elle nous mène dans des endroits assez sympathiques. Des recoins que j’ai apprécié explorer que ce soit dans les paysages où dans les psychologies des personnages. Quelle fin ! J’ai pris du temps entre la lecture de ce roman et ma chronique tellement j’ai eu du mal à y croire.

Les + :

  • Des personnages forts.
  • Une plume que j’ai beaucoup apprécié.
  • La rencontre fracassante avec Dame Adolescence.

Les – :

  • J’aurais aimé en savoir plus sur les adultes. La manière dont ils vivent leurs relations avec leurs enfants. Comment ils vivent et comprennent le comportement de leurs enfants.

Ma note : 17/20

 

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Deux cigarettes dans le noir – Julien Dufresne Lamy

9782714475732.jpgRésumé : Il y a avec la danse une intrigue meurtrière. Avec elle, la fin l’emporte toujours.Clémentine travaille dans une usine de parfum. Elle attend un enfant. Au volant de sa voiture en direction de la maternité, elle percute quelqu’un sans pouvoir s’arrêter. De retour à la maison seule avec son bébé, elle apprend la mort à Paris, deux jours plus tôt, de la chorégraphe Pina Bausch. Clémentine se souvient : une silhouette maigre, de longs cheveux gris ? c’est Pina qu’elle a fauchée. Elle a tué un génie en mettant au monde son enfant. La maternité, la danse, la vie, la mort se côtoient dans le nouveau roman de Julien Dufresne-Lamy, qui trouble et bouscule par son intelligence et son originalité.

Mon avis :  Je remercie Gilles Paris (et sa gentille stagiaire) pour cette proposition de partenariat. Je prends aussi quelques secondes, mots et lignes pour remercier les éditions Belfond pour ce roman qu’est Deux cigarettes dans le noir de Julien Dufresne Lamy.

J’ai trouvé que la couverture était magnifique. Je l’ai trouvé très poétique et belle. Elle dégage beaucoup d’émotions. C’est très beau.

C’est un très bon roman qui m’a fait passer un bon moment. C’est aussi une lecture très différente de ce que j’ai l’habitude de lire : c’est plus sérieux, noir et mystérieux.

On rencontre Clémentine, une jeune femme qui est complètement à la dérive. On la rencontre à un moment de sa vie qui va tout faire changer dans le bon comme dans le mauvais sens :

  • Elle prend la voiture paniquée : elle est en train d’accoucher. C’est le moment pour elle de devenir mère.
  • En se rendant à l’hôpital, Clémentine renverse une piétonne : Pina Bausch, une célèbre danseuse.

On assiste ici à une chose incroyable. Clémentine va se focaliser sur Pina, sur qui elle était, sur ce qu’elle faisait, sur son art, c’est merveilleux mais aussi très angoissant. Elle se focalise sur Pina en oubliant de vivre, en oubliant quelques fois son enfant.beach_gate_weheartit

On suit le cheminement psychologique et toutes les questions que Clémentine se pose sur sa vie, sur son enfant, sur son travail et surtout sur ce qu’elle a fait. Comment a-t-elle pu renverser quelqu’un ? Comment a-t-elle pu ôter une vie et donner naissance à une autre juste après ?

Ce roman est une sorte de Journal intime pour Clémentine. Elle nous parle de ses relations intimes, de Bruno, le père de Barnabé qui a fui. Sa sensation d’être une mauvaise mère. Ses recherches sur Pina et sur l’enquête policière. On y lit des choses étranges, qui dérangent et déstabilisantes. Elle nous parle de ses choix pour Barnabé.

La mère de Clémentine marque le personnage stricte, standard. Elle représente ce que doit faire une mère. Les relations entre la mère et la fille sont assez tendues.

6d5e0a4443ae8251033796daab027cc8_400x400.jpegClémentine se perd. Sa fascination pour Pina est lourde : elle prend beaucoup (trop ?) de place. Ca devient maladif. C’est son seul moyen de s’aider à accepter ce qu’elle a fait. Comme si elle voulait refaire vivre Pina à travers cette fascination malsaine. Le plus gros point de l’intrigue est là, c’est malsain mais tellement bon et fort !

C’est un roman psychologique envoutant. On vit vraiment ce morceau de vit avec Clémentine et Barnabé. C’est sans fioriture. L’auteur va droit au but. C’est simple, concis. La psychologie de ce personnage est vraiment fascinant.

L’auteur parvient à nous faire entrer dans un univers sombre où Pina semble être la seule source de lumière pour Clémentine. On y lit une sorte de descente aux enfers de laquelle Clémentine n’arrive pas à remonter. C’est effrayant mais aussi très happant comme histoire. La plume de l’auteur est belle et apporte beaucoup à l’ambiance générale du roman.

Ma note :   16/20