21

Un mariage anglais de Claire Fuller

téléchargementRésumé : Ingrid a 20 ans et des projets plein la tête quand elle rencontre Gil Coleman, professeur de littérature à l’université. Faisant fi de son âge et de sa réputation de don Juan, elle l’épouse et s’installe dans sa maison en bord de mer. Quinze ans et deux enfants plus tard, Ingrid doit faire face aux absences répétées de Gil, devenu écrivain à succès. Un soir, elle décide d’écrire ce qu’elle n’arrive plus à lui dire, puis cache sa lettre dans un livre. Ainsi commence une correspondance à sens unique où elle dévoile la vérité sur leur mariage, jusqu’à cette dernière lettre rédigée quelques heures à peine avant qu’elle ne disparaisse sans laisser de trace.

~ Service presse audio ~

Mon avis : Je remercie chaleureusement l’équipe d’Audiolib et plus particulièrement Pauline qui nous permet de faire de sacrées découvertes ! Ici, je vous parle d’un coup de cœur particulier pour moi. Je ne pensais pas que j’aurais apprécié mon écoute à ce point mais une fois que Rafaèle Moutier s’est tut, dans l’habitacle de la voiture, un silence pesant s’est imposé. Seul mon cœur, grossit par l’émotion, battait à tout rompre.

~ Quand l’amour rend aveugle ~

Ce roman est l’histoire d’une rencontre, d’une vie d’amour qui rapidement se teinte de désillusions. Les mots et les promesses résonnent avec une amertume intense.

On fait la rencontre d’Ingrid, une jeune femme étudiante qui tombe amoureuse de Gil, son professeur à l’université de 20 ans son aîné. Ingrid est rapidement séduite par l’allure de ce professeur, de l’élégance de sa prose et de sa plume. Elle sait, elle sait que Gil n’est pas fait pour elle, qu’elle ne doit même pas envisager la possibilité d’une idylle entre eux mais c’est plus fort qu’elle. Elle se moque des rumeurs de couloir, des babillages des femmes jalouses, elle ne veut pas voir ce qu’est Gil : un homme qui ne sait pas retenir ses pulsions sexuelles. La fidélité n’est pas le fort de cet homme. Et pourtant, un miracle se produit : Gil tombe amoureux d’Ingrid. Contre toute attente, ils vont braver les tempêtes ensemble et s’installer dans le pavillon de nage, la maison à la campagne de Gil située en bord de mer.

« J’éprouvais ce sentiment exaltant de me trouver à un seuil, et qu’à tout moment ma vie pouvait basculer dans une direction que je n’avais jamais envisagée ou appréhendée. »

~ Le côté épistolaire de l’histoire d’Ingrid ~

Le roman se divise en plusieurs parties : on a l’histoire de la rencontre des deux amoureux. On suit la progression de cette idylle amoureuse. On avance dans l’histoire intime du couple. On a une autre période dans le roman qui se déroule dans nos années. C’est-à-dire que l’on fait la rencontre de Nan et de Flora, les deux filles de Gil & d’Ingrid, on se situe plusieurs années après la disparition d’Ingrid. Une autre partie décrit les sentiments et les émotions d’Ingrid à travers des lettres qu’elle dispose dans les livres de Gil. Elle raconte leur histoire à travers ses lettres : elle se livre, à cœur ouvert, à ce mari absent pour le travail mais aussi pour ses convenances personnelles. Elle parle de sa vie, qu’elle n’imaginait pas ainsi, seule, sans travail ni argent avec ses deux petites filles à élever avec ce sentiment de trahison qui plane au-dessus d’elle tout le temps.

Cela permet au lecteur d’avoir une vue globale sur l’histoire de ce couple. On a les faits, les impressions et les émotions d’Ingrid mais aussi de Jonathan, le meilleur ami de Gil et de Louise, la meilleure copine d’Ingrid, les filles Nan et Flora sont accompagnées par le petit ami de Flora, Richard qui semble avoir un œil un peu plus neutre sur toute cette histoire. On a donc différents points de vue qui commencent à naitre dans l’esprit du lecteur. Je vous le dis, j’ai beaucoup apprécié Flora et Ingrid ainsi que Jonathan. Ce sont trois personnages qui véhiculent énormément d’émotions.

Le fait d’avoir ces différents points de vue permet au lecteur d’avoir les ressentis des personnages sur la « disparition » d’Ingrid qui reste mystérieuse même si l’auteure nous dirige un peu, rien n’est explicitement dit. On ne sait pas s’il s’agit d’un suicide, d’une disparition ? Est-elle vivante ? Est-elle morte ? Est-elle partie de son plein gré ? Quel est le degré d’implication de Gil dans cette histoire ? Toutes ces questions ne trouvent pas forcément de réponses mais je trouve que c’est une fin parfaite. Le doute qui persiste est beau, poétique.

~ Le cri poignant de deux filles ~

Celles qui s’opposent ce sont les deux sœurs Naneth –Nan- et Flora. Si Nan est très rancunière vis-à-vis de la disparition de sa mère, Flora pense que sa mère peut être encore vivante et même très près. Rien ne nous indique que cela puisse être vraiment sauf cette conviction. Si Flora ressemble beaucoup à Gil, Naneth est beaucoup plus terre à terre, en effet, elle est rapidement devenue adulte, obligée d’être la mère de Flora plutôt que de sa sœur. Des conflits surgissent rapidement entre Nan et Flo. Nan crache son venin et Flo tombe des nues… C’est impressionnant comme une rancune de famille peut faire du mal.

« Ce qu’elle avait appris, si c’était bien vrai, modifiait également la vision qu’elle avait d’Ingrid, cela faisait d’elle un être de chair, de pensées, de sentiments, de décisions à prendre, de conséquences à assumer. Flora aurait aimé avoir ses deux parents devant elle pour leur demander pourquoi les mots « paternité » et « maternité », séparés d’une seule lettre, recouvraient pourtant des réalités si différentes. »

~ La place de la littérature dans le roman ~

Sous plusieurs formes, la littérature prend une grosse place dans ce roman. Dans un premier temps, par la figure de Gil, homme de lettres, professeur de littérature à l’université, Gil Coleman est un auteur à succès. Dans un deuxième temps, les livres sont les gardiens des lettres qu’Ingrid adresse à Gil. Il retrouve les lettres petit à petit à travers les romans qu’il garde chez lui. Dans un troisième temps, les livres sont présents dans toute la maison de famille. En effet, Gil en achète tout le temps, dans toutes les pièces, il y a des romans partout. C’est impressionnant, cela ajoute un nouveau charme à cette maisonnée anglaise qui n’en manque pas dès le départ ! On peut aussi ajouter que deux personnages sont libraires dans cette histoire : Richard et Viv, l’amie de Nan.

« Dans l’entrée, de gigantesques piles de livres recouvraient les murs jusqu’à la cuisine. Des colonnes de livres, poches et grands formats, en équilibre précaire, leurs dos fissurés, leurs jaquettes poussiéreuses, s’élevant telles des falaises marines, patinées par le sel, dressant au vent des rochers de pages grises stratifiées. La plupart dépassaient Flora d’une tête ou deux, et tandis qu’elle avançait entre elles comme dans un précipice, il apparaissait clairement que le moindre tremblement ferait pleuvoir sur elle une avalanche de mots. La maison avait toujours été remplie de livres, beaucoup trop pour une seule personne et une seule vie »

~ La plume de Claire Fuller ~

Il faut que je vous parle du coup de cœur que j’ai eu. Il a été très subtil. Bien entendu, je n’ai pas ressenti une folle envie de tout écouter d’un coup (d’ailleurs, je ne l’aurais pas fait puisque j’écoute mes romans audio dans la voiture). Cependant, mon écoute a été très attentive. Les mots, la poésie des mots, les décors, l’intrigue, tout m’a plu.

C’est avec une extrême sensibilité que l’auteure aborde des sujets difficiles : les responsabilités d’une mère, les frasques d’un père, une vie que l’on ne pensait pas « gâcher » ainsi, le regard de l’enfant face à l’abandon, la fragilité d’un couple et/ou d’une famille. Claire Fuller nous embarque avec émotion dans une histoire poignante. On accompagne Ingrid dans ses pensées et ses journées. Finalement, si on découvre ce personnage via son passé, c’est la plus absente de tous les personnages qui se fait remarquer. On plonge avec Ingrid dans cette mer glacée qu’elle affectionne temps, on boit la tasse, on relève la tête, on se bat contre les douleurs du corps et du cœur pour essayer de faire comme on peut, comme on doit faire les choses.

« Si je pouvais, je nous ferais vivre notre histoire à rebours ; d’abord nous connaîtrions la colère, la culpabilité, la honte, la déception, l’agacement, le quotidien et la banalité, et nous les viderions de leur substance. Après cela, tout le reste nous attendrait encore. »

3 bonnes raisons de lire ce roman :

  • Le couple vu sous toutes ses coutures.
  • Une histoire poignante qui vous touche en plein cœur
  • Une plume véritablement charmante qui plaira à tous et à toutes

5

Publicité