Résumé : Le duché de Nebleim connaît des heures sombres. Tandis qu’épidémies et catastrophes naturelles se succèdent, les prémices d’une guerre avec la principauté d’Histrionie se dessinent. Malgré cette situation difficile, la duchesse Ermessende espère la lumière. Les Parfaits affirment que la Terre, cette création du Diable, vacille sous les assauts de la foi véritable et que l’apocalypse viendra bientôt délivrer les âmes de leurs tourments. Dans ce monde au bord du précipice, Ermessende de Nebleim et ses vassaux se préparent à livrer bataille, tandis que dans les villes et les campagnes, chacun tente de surmonter les épreuves… jusqu’au jugement dernier.
~ Service presse ~
Je remercie chaleureusement Séma éditions pour l’envoi de ce roman en service presse. Cela faisait longtemps que je n’avais pas plongé dans un roman de Séma. Clairement, je ne vais pas vous le cacher, j’ai complètement craqué pour cette couverture. Vous savez qu’en ce moment, je fuis un peu la fantasy. Je ne parviens plus à me plonger dans ce genre d’univers. Je suis certaine que cela me passera ! Ici, j’ai pris du temps pour le sortir de ma PAL. J’avais peur de ne pas apprécier puisque la période n’est pas forcément la plus propice pour des découvertes de fantasy.
Ce roman, bien qu’étant de la fantasy est bien plus profond que ça. C’est un roman original qui est parvenu à me faire passer un bon moment de lecture bien qu’un peu dense (en même temps, si on ne peut pas reprocher la densité à un genre, c’est bien la fantasy, non ? ). Consolament est une fantasy qu’on peut qualifier d’historique. Les thématiques mises en avant ne sont pas forcément celles auxquelles on ne pense pas forcément dès le début.
La religion est très présente dans ce roman. Elle ne sert pas de toile de fond pour l’histoire, elle est au cœur de l’intrigue. Tout au long du roman, on nous explique le fonctionnement de cette religion. On a vraiment un panorama assez vaste sur la religion. Cela donne beaucoup d’ampleur à la thématique mais aussi d’avoir une vision globale sur la religion. C’est plutôt bien pensé.
L’originalité se trouve dans deux points pour moi. Consolament est un roman fantasy car il ne s’appuie pas sur l’action. Là où la fantasy peut nous emmener dans des aventures, dans des quêtes qui durent pendant des tomes et des tomes, ici, il n’en est rien. On n’a pas beaucoup d’actions, on est plutôt dans la réflexion et la découverte… C’était déroutant. Déroutant bien mais déroutant quand même. Pourquoi déroutant ? Parce qu’on parle de guerre. On pense rapidement à de l’action, à des morts, du sang mais on va plutôt s’intéresser à cette volonté de pouvoir, au fait que les paysans, soldats et autres personnages qui viennent bercer l’intrigue n’ont pas le choix. Ils doivent faire la guerre mais aussi au sort des populations. Bien évidemment, la guerre est présente mais il n’y a pas que cela, et ça, c’est très intéressant. On a l’impression d’avoir un duché maudit quand on pense à tout ce qui va pouvoir arriver dans les villages faisant partie du duché… C’est juste très sympathique dans l’idée. Horrible dans les faits, je le reconnais.
La guerre va se dérouler entre la duchesse Ermessende à la tête du duché de Nebleim et Louis III à la tête de la principauté d’Histrionie. Ermessende est la duchesse qui règne suite à la mort de son mari. Louis III n’apprécie pas forcément l’idée d’avoir une voisine qui règne. Pourquoi ne pas attaquer pour avoir un petit bout de terrain sur lequel régner en plus ? La guerre est déclarée. Ermessende n’a pas le choix : la guerre est le seul moyen de survivre. Entre guerre de pouvoir mais aussi divergences d’opinions religieuses… Il n’y a plus de pitié.
L’intrigue va être lancée dès le prologue : la Terre est dirigée par le Diable. Les hommes sont des anges déchus qui attendent leur baptême pour arriver à leurs fins. J’ai eu beaucoup de mal à tout enregistrer, c’est vraiment costaud. Dans le duché de Nebleim, on trouve des « parfaits ».. La religion cathare est la religion qui place les hommes comme des anges déchus errant sur la Terre, ils attendent de recevoir le Consolament qui est un baptême qui va leur permettre d’atteindre leurs buts pour lutter contre le Mal. Pas très clair ? Pourtant j’ai fait de mon mieux… Un petit point Wiki ? C’est parti !
« Le consolamentum (ou consolament en occitan) est la pratique rituelle majeure du catharisme, qui s’est développé dans le Midi de la France entre la deuxième moitié du 12e siècle et la fin du 13e siècle. C’est une forme de baptême, mais elle ne se fait pas au nom de la Sainte-Trinité mais au nom du Christ seul puisque la doctrine des Cathares professe une divinité unifiée. C’est un baptême spirituel par opposition au baptême d’eau de Jean le Baptiste. Il est donné par imposition des mains selon des rites qui rappellent ceux de l’église primitive, moins les éléments matériels (eau, onction, huile) que le catharisme ne reconnait pas vu qu’il pense que le monde matériel a été créé par le Diable. »
L’histoire va se diviser en plusieurs points de vue. Le panel de personnages est très important. C’est vraiment un point particulier pour moi : on a plein de points de vue qui viennent structurer la narration. Personnellement, pour moi, c’était un peu trop. En effet, on se retrouve avec trop de noms, trop de personnages, trop de gens à découvrir. En moins de 200 pages, c’est assez compliqué pour moi. Mais, si je dois retenir deux personnages, je choisis Guillaume et la duchesse Ermessende sans hésitation. J’ai beaucoup apprécié les psychologies et histoires de ces personnages.
La société a une place très importante dans ce roman. En effet, on va beaucoup s’intéresser aux relations humaines. Par exemple, on va pouvoir faire la connaissance de paysans face aux catastrophes naturelles. La place de la femme dans la société médiévale est aussi soulignée. En effet, la duchesse se retrouve dans une position particulière : une femme qui règne, c’est déjà compliqué. Il va falloir qu’elle s’impose, qu’elle prouve qu’elle sait régner. Elle va vite être fragilisée par plusieurs choses. On a une touche de féminisme assez sympathique mélangée à la thématique du pouvoir.
L’auteure choisit de mettre en avant l’Histoire. C’est pour ça que l’originalité est très présente dans ce roman. Le tout prend le dessus sur l’action dans ce roman. Honnêtement, ce roman est une bonne découverte mais c’est un sacré morceau. Forcément, il faut un peu de temps pour s’immerger dans cet univers mais aussi pour digérer toutes ses informations. Il faut le savoir, ce roman n’est pas forcément à mettre entre les lecteurs qui recherchent de l’action. L’Histoire prend beaucoup de place.
Ce roman n’est pas indigeste. Je trouve que l’auteure équilibre bien les choses grâce à sa plume et à la manière dont les thématiques sont abordées. Là où l’on peut penser que l’auteure en fait de trop, on se rend compte que tout est justifié. On peut se dire que c’est trop, que cette impression de malédiction est un peu trop mais finalement, on se rend compte que c’est une sorte d’action divine. Tout trouve toujours une justification. C’est chouette.
Je suis désolée, la chronique est plutôt dense et part un peu dans tous les sens mais honnêtement, ça reflète bien le roman. Il ne faut pas mal le prendre. Quand je dis que ça part dans tous les sens, c’est surtout dans la narration (ce qui m’a perdue, je vous l’avoue sans honte). Ce changement de points de vue donne une impression de tourbillon, on a beaucoup d’informations à digérer en peu de temps.
Bref, je reconnais bien volontiers la qualité de la plume de l’auteure, c’est un régal ! C’est équilibré, juste et impressionnant. Le vocabulaire utilisé est soutenu mais en total adéquation avec l’époque durant laquelle se déroule l’intrigue. Je la félicite pour le travail de recherches incroyable. Ça doit être monstrueusement chronophage. Je lui tire mon chapeau. J’ai apprécié ce savant équilibre entre l’historique et la fantasy.
3 bonnes raisons de lire ce roman :
- J’ai adoré le fait que la fantasy soit ancrée dans une période historique.
- Le traitement des personnages : ils sont tous complets. Même si je ne me suis pas attachée à beaucoup de monde, j’ai apprécié la qualité des portraits.
- La plume et le travail de recherche de l’auteure.