Les trois vies de l’homme qui n’existait pas de Laurent Grima

51kZBFd5Q6LRésumé : Tino n’existe pas ! Tombé du ciel il y a près de trente-cinq ans, son père, un marginal sans nom porteur d’un lourd mystère, a oublié de le déclarer à l’État-Civil. Ils vivent tous deux à la périphérie de la civilisation et de ses dangers, sans autre identité que leur statut fragile de vendeurs nomades à la sauvette. Mais un jour, le patriarche meurt, laissant Tino seul face à un immense défi : s’inscrire dans le monde des hommes, en respectant la promesse qu’il lui avait faîte un jour de vivre plusieurs vies !

~ Lecture prix des auteurs inconnus 2019 ~

Je remercie chaleureusement Virginie et Julie pour l’organisation du prix des auteurs inconnus. C’est un réel plaisir pour moi de faire partie du jury depuis maintenant trois ans. C’est donc le moment pour moi de vous donner mon avis sur ma lecture dans la catégorie « Littérature blanche » pour le mois de juillet.

Le titre de ce roman est assez mystérieux. Comment peut-on vivre trois vies sans exister ? Tino est un homme qui n’existe pas. Il est sans être. Son père vivant en marge de la société ne l’a pas déclaré à l’Etat Civil après sa naissance. Aux yeux de l’Etat, Tino ou Antoine ou Günther n’existe pas. Véritable baroudeur, il sillonne les villes et les pays avec son père. La situation de leur vie ne leur permet pas d’être autre chose que des nomades. Nomades dans tous les sens du terme.

83635699_10216845068819798_5287050577543430144_n

Tino vit sans exister : il a des connaissances de passage mais pas d’amis réels. Il n’a pas de travail sauf des petits boulots à la sauvette. En d’autres termes, il vivote. Son père est son seul repère dans cette vie dont les contours sont toujours flous. A la mort de son père, Tino va devoir relever le défi d’apprendre à vivre seul… Tino, des fois, n’est pas Tino. Il a trois identités que son père utilisait à tour de rôle, selon les situations de leurs vies, selon la porte du monde imaginaire que son père voulait ouvrir. Tino n’a pas de mère, il ne sait pas qui elle est. Il est difficile pour lui de se projeter tant les questions l’assaille.

« C’est dans un ventre féminin que débutent nos vies terrestres. Quoi qu’on en dise, on en est marqué à jamais, et c’est un peu de ces « elles » qui nous permet de voler. Lamartine n’avait-il pas dit « qu’il y avait une femme à l’origine de toutes les grandes choses ? »

La vie de notre personnage principal va être mise à rude épreuve lorsque son père va mourir. Il va se retrouver seul au monde. Il va devoir aller de l’avant et pour cela, il doit faire face à une question « qui suis-je dans ce monde qui ne semble pas être le mien » ? Quand on vit seul, hors de la société, que l’on emprunte des prénoms, qu’on n’a pas de nom de famille… Que peut-on devenir ? A quoi aspire-t-on dans la vie ? C’est vraiment déroutant. Notre personnage principal va devoir avancer dans la vie et trouver sa place. L’homme est-il fait pour vivre seul ? L’homme est-il capable d’être heureux seul ? J’ai trouvé très intéressantes toutes les questions qui peuvent émerger de l’intrigue. J’ai vraiment aimé la thématique identitaire ainsi que la portée philosophique qui se dégage.

Tino est un personnage auquel on s’attache très rapidement, c’est la révélation de ce roman. J’ai beaucoup apprécié la manière dont l’auteur dégage les thématiques et nous propose un texte original et plein de qualités. Etre et ne pas être en même temps : vaste sujet.

J’avoue que ce n’est pas forcément ce que je lis habituellement, je n’avais pas forcément envie d’ouvrir ce roman. La magie opère mais il faut s’adapter au style de l’auteur ainsi qu’à la construction du roman. Pour moi, j’ai eu du mal, au départ, à comprendre où voulait en venir l’auteur. J’ai eu du mal à lire les cinquante premières pages puis, je me suis adaptée à cette originalité et j’ai pris plaisir à découvrir ce que j’avais sous les yeux. La narration à la première personne permet au lecteur de se sentir proche de notre personnage principal. On n’est pas spectateur mais on vit l’aventure de Tino avec lui et l’on devient, par extension, son premier véritable ami.

C’est avec beaucoup de douceur et un regard rempli d’humanité que l’auteur nous raconte cette histoire. Conte psychologique et philosophique, c’est une quête identitaire très sympathique qui vous attend. Tino nous apprend l’humanité, la possibilité de faire des erreurs, on est aussi dans un roman plein de générosité. C’est très agréable à lire. La plume de l’auteur est vraiment agréable, fluide et dynamique. Si j’ai eu un peu de mal à me mettre dans l’ambiance de ce roman, je suis ravie d’être passée au-delà de mes aprioris et d’avoir continué. C’est vraiment une belle surprise.

« Il y a quelque chose d’une relation charnelle entre un livre et son lecteur. Le premier contact d’abord, avec un titre qu’on lit la tête penchée en trahissant l’air de rien une ébauche d’inclination. Et puis le regard que l’on porte sur la couverture en cherchant dans une illustration les indices d’un plaisir. L’objet de ce désir qui naît et que l’on retourne sur la quatrième de couverture dans la quête d’un élan décisif, une bascule… L’acte de lire qui vient ensuite : le contact délicieusement rugueux avec les pages, et l’odeur de l’encre, intemporelle, universelle, qui accompagnent le voyage. Et puis les mots enfin, qui bercent, emportent et chavirent en faisant naître tous les mouvements possibles de l’immobilité. »

Au final, on se rend compte que, même si c’est important de savoir d’où l’on vient, le plus important est de savoir qui l’on est. On se retrouve avec une jolie leçon de vie.

03 bonnes raisons de lire ce roman :

  • Un roman plein de tendresse et d’émotions
  • Une très jolie plume
  • Le personnage principal que l’on a envie de prendre sous son aile

Retrouvez le PDAI par ici :

notation 1

23 réflexions sur “Les trois vies de l’homme qui n’existait pas de Laurent Grima

  1. De prime abord, je ne me serais pas tournée vers ce livre, mais il semble aborder des thématiques intéressantes à travers un personnage construit de manière très originale. Cette idée d’être sans exister a quelque de chose d’intrigant et ne peut qu’instaurer une certaine connivence avec Tino, du moins, c’est ce que j’ai ressenti en lisant ton bel avis.

  2. Je ne connaissais pas du tout ma belle, mais ce que tu en dis me plaît beaucoup, alors je me laisserai volontiers tenter !

Laisser un commentaire